S’il est bien un sujet difficile, pour lequel nous n’avons que très rarement l’occasion de pouvoir tirer un bilan retrospectif, c’est celui qui concerne le licenciement pour faute, et encore moins quand il s'agit d'une faute lourde.
La procédure d’ « extraction » rapide du salarié, la coupure de ses accès physiques et informatique à la société, le retrait du PC, la coupure de ses collègues, les discrédits et rumeurs malveillantes forment le socle de ces procédures visant « à protéger les intérêts légitimes de la société ». Il est en plus bien difficile de reconstituer des preuves sur la base de données rendues inaccessibles.
Aucune procédure contradictoire en la matière, après avoir été désigné comme coupable par la société, le salarié pourra être reconnu innocent au prix d’un parcours particulièrement éprouvant, et parfaitement ignoré de tous.
Petit éclairage sur ces dossiers à la lumière du cas de RR, licencié pour faute grave en Mai 2001, à la même époque qu’un certain nombre d’autres "high performers" soudainement fautifs (faute de vouloir exercer des stock options ? comme PCF, AA ), et qui vient d’être rétabli dans ses droits, par un appel de renvoi, après une procédure acharnée menée par Oracle jusqu’en cour de Cassation.
La machine se met en branle usuellement par l’énervement d’un manager, qui s'offusque du comportement de son salarié sur un dossier. A l’opposé des approches rationnelles de traitement de l’information, de l’examen contradictoire des positions respectives, la montée en pression peut se faire hors de tous repères, sur des appréciations totalement subjectives, des ragots, des « on dit que on avait vu M. R … ».
La machine à rumeurs fait vite ses dégats, par l’effet d’amplification de la pression unilatéralement mise à charge du salarié, et l’acquiescement incroyablement rapide du manager N+2. Le salarié, mis à pied, exclu, est rapidement un paria, que la rumeur déchire car la société à jugé qu’il avait fait une faute lourde, accusé de vol et d’escroquerie. Et nombre de salariés reprennent en écho les on-dit, les seuls à leur disposition, allant jusqu'à produire des attestations à charge et détruire la réputation du salarié dans tout l’éco-système.
Le piège de la défense solitaire se referme pour longtemps, 10 ans de douleur, de solitude, pour le salarié, « brulé » par la société.
De plus, la brutalité de la mise à l’écart laisse souvent bien peu de temps pour réunir les pièces indispensables à la manifestation de LA vérité.
Le reste est de l’histoire de conseil/audit trop classique où les genres se mélangent. Le dossier est confié aux avocats d’Oracle, rémunérés à la prestation, et n’ayant aucune incitation recommander un rapprochement. On se trouve entrainé jusqu’en cour de cassation, avec un dépôt de plainte pénale classée sans suite, mais que les bons « conseils » d’Oracle auront toujours voulu remettre au centre de la scène. Ces mêmes avocats n’hésiterons pas à réclamer 15000 Euros de frais de justice !
Au final, RR se verra encore une fois confirmé victime d’un licenciement abusif de la part d’Oracle, rétabli dans sa probité, mais combien de nous n’ont gardé au final en mémoire qu’un « mauvais garçon », faisant un abus dans l’usage des biens de la société, détournant des salariés pour son profit personnel et abattu pour l’exemple.
En la matière, les indemnités octroyées sont bien peu de choses vis à vis des dégats occasionnés.
Sur le carreau également – Une équipe du conseil qui passera de 22 collaborateurs à 2 personnes faute de reprise du leadership de cette activité.
A Suivre, le dossier de MC.
Le saviez vous nous suivons 7 collaborateurs en instance prud’hommale, et nous nous attachons à animer le partage de leurs informations en défense.
Le saviez vous, nous avons porté la création d'une commission "vigilance" pour introduire une approche contradictoire dans les dossiers difficiles.
1 commentaire:
Ouch ! Article assez saisissant qu'on doit vivre dans un certain nombre de boites. Quand les managers deviennent des seigneurs, avec une DRH en complete allegeance, les lancelots peuvent se retrouver avec un couteau dans le dos...
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